Quand le dernier "Compagnon de route" s'en va...

   

La montagne
Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets
Du formica et du ciné
Les vieux ça n'était pas original
Quand ils s'essuyaient machinal
D'un revers de manche les lèvres
Mais ils savaient tous à propos
Tuer la caille ou le perdreau
Et manger la tomme de chèvre

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

                   Je ne connais pas de texte plus émouvant pour décrire le déclin démographique inexorable de nos campagnes que cette chanson.
                   Ce n'est pas seulement pour ses chansons magnifiques qu'on adorait Jean Ferrat qui vient de nous quitter. Je ne suis pas un fan du Drucker du dimanche mais je n'avais pas manqué l'émission qui lui avait été consacrée qui avait connu un immense succès. J'espère qu'Antenne 2 va en repasser les meilleurs extraits. J'appréciais depuis toujours ses chansons et ses idées mais, ce jour-là, je l'ai vraiment découvert.
           Dans notre jeunesse, nous avions tous flirté avec le PC et dû avaler beaucoup de couleuvres avant de comprendre à partir de 1953 (destalinisation) et surtout 1968 (Prague) que, malheureusement, il n'y avait aucun espoir de ce côté. Montand, Ferrat étaient du même voyage...C'étaient nos idoles.
           Bravo à Sud-Ouest dimanche pour son hommage: l'interview du 31 mars 2003 résume en peu de mots toute la pensée du chanteur.
           Je ne savais pas que son vrai nom était Tenenbaum et que son père était mort à Auschwitz: au moment où l'on parle tant de l'horreur de la "Rafle", il y a de ces coïncidences...
            Nous sommes tous Ardéchois ce dimanche...