Bernardin de St Pierre

       Un article du Havre-Libre de ce jour au sujet d'une conférence d'Elisabeth Audoin, une spécialiste de notre grand écrivain local, sur les tribulations de sa statue érigée en 1852 m'incite à revenir sur les écrits de Bernardin de St Pierre sur l'Ile Maurice (Isle de France à l'époque).
       Tout le monde connait Paul et Virginie et, à Maurice, certains n'hésitent pas à mélanger la fiction et les faits réels tant son livre est bien documenté. La photo représente le monument commémorant le naufrage du St Géran dans la nuit du 17 au 18 août 1744 qui a entraîné la noyade... de son héroïne.  Noyade due à un excès de pudeur:malgré les exortations d'un membre de l'équipage qui voulait la sauver elle n'a jamais voulu ôter sa robe qui l'empêchait de nager...
       En fait, les raisons qui font  que les descendants d'esclaves mauriciens vénèrent l'écrivain, ce sont les écrits décrivant leur misérable condition du "Voyage à l'Isle de France" (1768-1771) .
         "C'est à Madagascar qu'on va chercher les noirs destinés à la culture des terres. On achète un homme pour un baril de poudre, pour des fusils, des toiles, et surtout des piastres.
         On dit que le code noir est fait en leur faveur. Soit; mais la dureté des maîtres excède les punitions permises et leur avarice soustrait la nourriture, le repos et les récompenses qui sont dues. si ces malheureux voulaient se plaindre, a qui se plaindraient-ils? Leurs juges sont souvent leurs premiers tyrans."
      Il faudra attendre 1848 pour que l'esclavage soit aboli et 2010 pour qu'on se décide, mollement, à débaptiser les rues de nos ports portant les noms des grandes familles d'armateurs qui avaient basé leur
prospérité sur cette honte des temps modernes.
      Havrais, quand vous passez devant votre Palais de justice (bientôt en tram?), devant sa statue, ayez une pensée pour cet humaniste.